Pour comprendre la question posée par cet atelier il faut remonter à l’origine commune des institutions chargées des droits des femmes, des associations et de la recherche féministes. Ce sont différentes façons de répondre à des questions qui ont été soulevées par le mouvement féministe des années 70 (au sens large, pas seulement le MLF).

Les institutions nationales et internationales ont été mises en place en réponse à la contestation. (France 1974 : Secrétariat d’État à la Condition féminine, ONU 1975 : Année internationale, dénoncées alors comme récupération de la lutte des femmes). Que l’objectif ait été d’enterrer la contestation, de noyer les problèmes par des « réformes symboliques » ou de construire véritablement une politique publique d’égalité entre les femmes et les hommes, ces institutions ont perduré depuis.

Les associations issues du mouvement ou renouvelées par lui et la recherche féministes ont été deux façons de continuer le combat féministe en le professionnalisant : sur le terrain militant, avec la prise en charge directe ou sur celui de la contestation du savoir masculin et du renouvellement et de la transmission des connaissances.

Les relations entre ces trois pôles ont été empreintes de méfiance réciproque (entre mouvement et institutions, entre militantisme de terrain et recherche perçue comme déconnectée des réalités vécues par les femmes), évidemment compliquées par des différences d’appréciation politique.

C’est pourtant par l’action conjuguée de ces trois catégories d’acteurs que les choses ont changé depuis 40 ans, notamment à travers les politiques européennes. C’est le « triangle de velours » (selon l’expression consacrée d’Alison Woodword « Building Velvet Triangle : Gender and Informal Governance, 2004). En France le triangle de velours n’a pas bien fonctionné au niveau national, pour toutes sortes de raisons (dont la faible influence politique des institutions chargées des droits des femmes et la fragile reconnaissance de la recherche féministe et sur les femmes) ; le fossé s’est creusé entre recherche et militantisme, (très faible participation de chercheuses aux premières rencontres d’Evry ; Bulletin de l’ANEF, 2011) parce que nous n’avons pas suffisamment affronté les tensions inévitables et nécessaires entre les deux approches.

Mais si les choses ont changé depuis 40 ans, notamment à travers les politiques européennes, c’est par l’action conjuguée de ces trois catégories d’acteurs. C’est le « triangle de velours » (selon l’expression consacrée d’Alison Woodword « Building Velvet Triangle : Gender and Informal Governance, 2004) pour rendre compte de l’Action publique relative à = F/H : connaissance institutionnelle des « fémocrates » et femmes politiques, connaissances issues de la base, connaissances scientifiques, rassemblées par engagement en faveur des droits des femmes et volonté faire avancer cause.

Aujourd’hui le contexte politique est favorable : un ministère des Droits des femmes (enfin), accessible aux féministes, puisque nous allons rencontrer la ministre à l’issue de cet atelier ; un mouvement féministe rajeuni et dynamique ; une recherche féministe vivace (même si masquée derrière l’ambivalence du genre). L’enjeu  de la période et de cet atelier : (re)construire un « espace de la cause des femmes » (Laure BERENI), en abordant frontalement les problèmes, en confrontant les points de vue ; mais pour un combat commun.

 

Les interventions prévues :

Michèle Ferrand (l’une des premières à aborder en sociologue les questions posées par le féminisme des 70’s) qui est devenue spécialiste de différentes questions (avortement, contraception, sexualité, mais aussi les carrières…)

Érika Flahault qui s’est penchée sur la professionnalisation du féminisme dans des grandes associations (issues ou renouvelées par cette vague du féminisme) de défense des droits des femmes et d’aide aux femmes en difficulté.

Christelle Hamel, démographe, qui posera la question du rôle de la recherche et des associations à propos du projet de création d’un observatoire des violences.

Ernestine Ronaï, qui a beaucoup à nous apprendre à partir de l’expérience unique de fonctionnement d’un observatoire des violences dans un département.

Marie-France Casalis qui a une longue expérience de confrontation des différents pôles, puisqu’elle a été militante (au Planning, au Collectif féministe contre le viol), qu’elle a connu l’action institutionnelle à la délégation aux droits des femmes.

(Extraits de l’introduction prononcée par Françoise Picq)

Télécharger le compte-rendu rédigé par Geneviève Pezeu (5 p.): FEM-2012_Atelier-anef-GP

Télécharger le programme des Rencontres FEM 2012 – version courte (7 p.): ProgrammeFEM2012_court

Télécharger le programme des Rencontres FEM 2012 – version longue (17 p.): ProgrammeFEM2012_long