La 4ème Biennale Féminins/Masculins se tiendra à Paris les 1 et 2 juin 2017. Elle portera sur les féminismes: “Géographies féministes : théories, pratiques et engagements”.

Appel:

La 4e biennale portera sur les géographies féministes. Alors que les trois premières portaient nommément sur le genre ou les sexualités, il a en effet semblé opportun au comité organisateur de se pencher cette fois sur les perspectives qu’offre le féminisme dans la compréhension du rapport des personnes et des sociétés à l’espace. Après tout, les études sur le genre et les sexualités apparaissent historiquement dans les universités américaines et en France grâce au combat féministe dans l’institution universitaire.

L’objectif poursuivi est d’impulser une dynamique collective sur les apports, les usages et les pratiques féministes en géographie. Cela permettra d’écrire collectivement l’histoire du féminisme en géographie dans le contexte universitaire français. On se demandera parallèlement de quelles façons certaines influences anglo-américaines ont été plus ou moins prises en compte. Nous souhaitons entre autres examiner la présence, l’absence, voire l’éclipse du féminisme dans l’espace de l’institution universitaire et des programmes de géographie. Quels sont donc les espaces des féminismes qui restent ? Quelles sont les références principales qui ont été adoptées, à quels moments ? Quelles sont les réticences qui ont pu limiter le développement de certains types de féminismes ? Quelle place pour les féminismes dans les questions de genre et de sexualités (en lien avec le développement des théories queer et trans notamment). Le colloque a aussi pour ambition d’interroger les liens et les rapports du masculin aux féminismes, non seulement sa théorie mais également sa pratique, par son combat pour l’égalité, par sa critique de la production du savoir, par ses modes pédagogiques de transmission du savoir. Il interrogera également la manière dont l’éventail des masculinités et des féminités cisgenres et transgenres permettent de redéfinir les féminismes. Enfin, au-delà des genres et des sexualités, les féminismes peuvent être pensés de manière intersectionnelle en lien avec les autres rapports de domination ou dans le cadre de différents rapports de pouvoir, liés à l’âge, au statut social, au groupe culturel, aux genres et sexualités, au handicap, etc.

Le colloque invite des communications de nature théorique, épistémologique, historique, des études de cas, des expériences et des témoignages à propos du féminisme en géographie, dans les sciences sociales en général mais aussi, plus largement, dans les institutions (Éducation Nationale, enseignement supérieur, laboratoires de recherche) et dans la société.

Les organisateur.ice.s du colloque lancent un appel à communications et à des ateliers thématiques. Nous proposons d’ores et déjà plusieurs axes thématiques :

Théories, épistémologies, terrains et méthodes

  • Quelles théories féministes pour et en géographie ? (théories, méthodologies, épistémologies) ? Comment le féminisme en tant que positionnement vient déstabiliser la manière de faire de la recherche, proposer d’autres modèles que celui de la science masculine et dite universelle ? Qu’apporte le féminisme à la pensée et à la pratique féministes ? Comment peut-on légitimer des thèmes de recherches qui étaient auparavant considérés comme non légitimes ? Quelles réticences ? Quels blocages ? Quels sont les apports des concepts d’intersectionnalité et de consubstantialité/coextensivité des rapports de domination ? 
  • Terrain et pratiques au prisme du féminisme

Quels enjeux pour des corps minoritaires (femmes, personnes queers, trans, non blanches, handicapé.e.s…) sur le terrain, sur des terrains ? Les conceptions du terrain en géographie sont-elles sexistes ? Quelles approches du terrain pour des études féministes ? Quel genre de terrain ?

  • Pédagogies critiques et féministes

Les pédagogies féministes visent à déconstruire le rapport de pouvoir à la connaissance : est-ce possible ? Quelles dynamiques de classe (classroom dynamics) favorisent-elles ? La e.Education est-elle une opportunité ou au contraire menace-t-elle le potentiel d’innovation apporté par les pédagogies féministes ?

Être féministe dans les institutions de recherche et l’université

  • Comment se dire féministe et quelles pratiques dans l’institution ?

Se déclarer féministe dans le monde universitaire est-il une expérience en soi ? Quelle visibilité pour le féminisme dans l’institution ? Quelles pratiques peuvent permettre de changer l’institution et les différents types de rapports de pouvoir qui s’y manifestent ?

  • Militantisme ou engagement ?

Comment le féminisme se traduit-il en pratique ? Quels liens effectuer entre action féministe dans et hors de l’institution ? Entre action militante et vie quotidienne ? 

  • Comment le masculin se situe-t-il par rapport au combat féministe ?

Le genre masculin et les hommes sont-ils solubles dans le féminisme ? Quelles conséquences pour les hommes se déclarant (pro)féministes ? Au-delà de la critique et de la théorie, quelles sont les pratiques adaptées pour les hommes ? Quid des groupes masculinistes (men’s groups) et de l’opposition aux féministes ? Comment penser les alliances entre hommes cisgenres (pro)féministes et femmes féministes ?

Féminisme à la française ? 

  • Quelles spécificités nationales ou culturelles ?

La France connait plusieurs courants féministes depuis les années 1970-1980 : féminismes « lutte de classe », différentialiste, matérialiste, pro-sexe. Comment l’histoire du féminisme en France évolue-t-elle dans le monde de la recherche ces dernières années ? Comment l’émergence des théories queers s’oppose ou se conjugue-t-elle au féminisme ? 

  • Que signifie être géographe féministe (dans les années 1980, 1990, 2000 et 2010) ? Ou se dire féministe ?

Pour répondre à cette question, plusieurs axes peuvent être proposés. Comment les géographes entrent-elles en contact avec le féminisme (par le militantisme, par la recherche ?) ? Comment le féminisme (en géographie ?) peut-il être pensé en complémentarité avec d’autres positionnements (trans, queer of color…) ? Comment penser un féminisme qui part des femmes pour s’étendre de façon intersectionnelle à d’autres rapports de domination que le patriarcat ? Existe-t-il une lecture géographique du féminisme ?

  • Espaces, lieux et spatialités du féminisme

Dans quels lieux et espaces se déploient les mouvements féministes (terrain d’expression : militantisme ? académie ?) Mais aussi : dans la rue/espace public (manifestations), sur Internet/espace virtuel (textes, blog, réseaux sociaux…). Que nous révèlent les grandes exploratrices ou les récits de voyages au féminin ? Quelles trajectoires, parcours dans l’Institution, entre légitimité scientifique et discrimination structurelle ?

Organisation des journées : le comité organisateur a tenu à ouvrir la biennale dans le haut lieu de la géographie en France, soit l’Institut de géographie (matinée du jeudi). Le reste de la biennale aura lieu à la Maison de la Recherche de l’université Paris Sorbonne et possiblement dans un autre lieu. Des rencontres avec des collectifs militants et des performances sont également prévues.

Document de travail pour la biennale : Le comité d’organisation souhaite mettre à disposition des participant.e.s et des coordinateur.ice.s de session un document pdf de toutes les communications qui seront présentées permettant de faire circuler plus facilement les connaissances quand des sessions se tiendront en parallèle. Pour cette raison, nous demanderons aux participant.e.s d’envoyer une version écrite de leur communication pour le 15 mai. Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page “Recommandations aux auteur.e.s”.

Toutes les informations sont disponibles sur le site de la biennale

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