L’Université libre de Bruxelles organise le 8 mars 2018 son colloque annuel Femmes et universités sur le thème Défendre les études de genre.

Issues des luttes féministes et des mouvements de libération sexuelle, les études de genre ont progressivement acquis une place – encore précaire – à l’Université. Chez nous, l’offre de cours connaît une croissance constante et les six universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont lancé en septembre 2017 le premier master de spécialisation interuniversitaire en études de genre.

Toutefois, au même moment, les études de genre et les chercheur·e·s qui s’y dédient font face à de nouvelles attaques, en Europe comme ailleurs. Certains sujets de recherche restent illégitimes ou le redeviennent et les fondements mêmes de ces études sont désormais contestés. A travers des notions telles que la « théorie » ou « l’idéologie du genre », des militants conservateurs emmenés par le Vatican et de nombreuses églises évangéliques présentent les études de genre comme une pièce centrale dans un processus de prise de pouvoir, lui-même associé à une révolution anthropologique. Un peu partout, populistes de droite et d’extrême droite revendiquent le bon sens contre les savoirs scientifiques et contestent tout particulièrement les acquis récents des sciences humaines.

Longtemps limitées au registre discursif, ces attaques ont récemment atteint des niveaux de violences inconnus jusqu’alors. Dans différentes parties du monde, les appels au boycott et à l’interdiction d’événements scientifiques se multiplient. En novembre dernier, de telles actions ont conduit à une chasse de Judith Butler dans les rues de Sao Paulo et à son exécution en effigie en place publique. Un peu partout, des collègues ont également reçu des menaces, visant parfois leurs proches. En Turquie ou en Hongrie, des programmes de cours ont été menacés voire fermés suite à des pressions politiques et religieuses. En France comme en Pologne, des programmes de financement ont été interrompus et la pérennité des études de genre est menacée.

Face à la multiplication et la diversification de ces attaques, l’ULB a décidé de poser un geste fort en dédiant son colloque annuel « Femmes et universités » à cette problématique. Fidèle à ses valeurs et à une tradition de défense de la liberté académique, il s’agit de défendre et de revendiquer l’inscription des études de genre dans notre paysage scientifique et académique. Cet événement, qui s’inscrit dans les engagements pris dans le cadre de la politique de genre, servira également à imaginer et proposer des solutions concrètes et des formes pratiques de solidarité, comme en témoignent le lancement des bourses « Esprit libre » ou les actions en faveur des chercheur·e·s en danger.

Télécharge l’affiche-programme (1 p.): Défendre les études de genre_MSH_STRIGES_8MARS