L’ANEF adhère en 2015 à la CLEF – Coordination pour le Lobby européen des femmes. Cette adhésion s’appuie sur une histoire et une philosophie qui sont présentes à l’ANEF depuis sa création.

L’ANEF a été créée comme association nationale en 1989, mais de fait elle rassemblait les associations régionales issues du Colloque de Toulouse en 1982. Les études féministes se sont ainsi constituées en France, dans le prolongement du mouvement féministe, avec l’ambition de poursuivre dans le champ de l’université et de la recherche les problématiques féministes. Cette démarche de constitution d’un champ de recherche issu du féministe se retrouve de façon parallèle dans tous les pays, comme diverses recherches ont pu le mettre au jour1 et l’ANEF a participé aux différents réseaux européens qui se sont constitués, parallèlement ou successivement (ENWS du Conseil de l’Europe, WISE puis Athena, AOIFE…).

Trente et quelques années plus tard, l’association, qui a été première et seule, voit se développer dans son domaine toutes sortes de groupes (associations disciplinaires, revues, groupes de recherches, réseaux inter-universitaires…), et ne peut que s’en réjouir.  Mais elle déplore que ce développement remarquable des études féministes (ou des études de genre qui de plus en plus s’y substituent) se fasse dans une distance de plus en plus grande avec les associations et groupes féministes, ce qui n’est pas le cas dans les autres pays européens.

Notre conception des études féministes (nous tenons à garder cet intitulé) est que celles-ci doivent rester en lien étroit avec le mouvement féministe. L’institutionnalisation, la reconnaissance scientifique de nos travaux ne doit pas nous situer en dehors. Déjà en 2002 à Toulouse, le Congrès de la recherche féministe dans la francophonie, qui d’ailleurs accueillait l’université d’été de la Fédération Solidarité femmes, avait voté une motion exprimant cette volonté de recréer des liens entre recherche et militantisme.

Nous participons souvent aux initiatives du CNDF et nous avons rejoint le collectif des Féministes en mouvement, avec le sentiment d’apporter notre spécificité, notamment par l’organisation d’ateliers et de tables rondes dans les Rencontres d’été.

Nous sommes très attachées à la dimension européenne des mobilisations, persuadées que c’est à ce niveau que des progrès peuvent être réalisés et que des régressions doivent être combattues. Persuadées aussi que la force du féminisme repose sur la variété et sur la collaboration des approches, nous entendons nous inscrire dans une démarche coopérative de « Triangle de velours » selon l’expression d’Alison Woodward, c’est-à-dire dans une action concertée entre les institutions chargées des droits des femmes, les associations de femmes et les chercheuses  féministes.

C’est pourquoi nous attachons une grande importance à la constitution, à travers la CLEF d’un réseau d’associations françaises engagées dans une action à visée européenne.